Comment devenir meilleur lorsque l’on n’est pas doué en Wing Chun ?

Lorsque l'on parle de devenir le meilleur dans une discipline, quelle qu'elle soit, on invoque souvent des facteurs génétiques ou des prédispositions innées. À supposer qu'elles soient avérées, ces raisons ne sauraient être les seules entrant en jeu. En effet, la technique et l'effort acharné jouent un rôle prédominant dans l'atteinte de l'excellence: comme le disait Louis-Ferdinand Céline, "Je n’ai pas plus de génie que les autres mais j’ai plus de méthode. Moi je n’ai qu’une méthode c’est prendre l’objet et le fignoler." C'est particulièrement vrai dans le cas de la pratique du Wing Chun.

Cours de Wing Chun en Groupe à Nantes

Cet article a été rédigé en collaboration avec le Sihing François du Wing Chun Defense System.

S'entrainer au Wing Chun régulièrement

Il est évident que la pratique du Wing Chun peut se révéler bénéfique pour tout individu souhaitant améliorer ses compétences en autodéfense. Le développement de compétences physiques contribue également à renforcer la confiance en soi et partant, l’efficacité en cas d’agression. Maintenir ce niveau élevé de forme physique et mentale requiert un entraînement continu, et régulier: nous constaterons tous que l’arrêt de l’entrainement pour une courte période (1 mois ou 2) suffit à faire diminuer fortement notre confiance en nous. On sent que notre physique, notre endurance ne sont plus tout à fait là, et cela rend la reprise plus difficile. C’est pourquoi une bonne dynamique d’entraînement constitue un cercle vertueux: la constance des capacités physique et martiale joue énormément sur la confiance en soi, et la volonté de conserver cette assurance ainsi acquise nous pousse à sanctuariser notre routine.

Les 4 piliers de l'entrainement

On pourrait définir 4 « piliers » d’entraînement pour améliorer le plus efficacement possible son Wing Chun :

1. Avoir un programme

Avoir un programme bien établi, qui permette de couvrir tous les aspects nécessaires de la pratique, y compris les techniques d’auto-défense. Il est important de varier les entraînements pour éviter la répétition (et pire à terme, la lassitude) et favoriser la progression. Si le temps nous manque, ou que l’on est simplement pas dans une optique de performance, se contraindre à une petite routine matinale est tout de même une bonne habitude à prendre!

Lire la vidéo sur Photo cours de Wing Chun avec Pierre-Hilaire

Programme d’entrainement de Wing Chun à réaliser au quotidien.

2. Persistance et constance

La persistance et la constance dans l’effort sont cruciales pour atteindre les objectifs à long terme. Il est important de maintenir un rythme d’entraînement régulier pour progresser efficacement, même lorsque les circonstances sont défavorables ou que l’on manque de motivation. Les pratiquants quels qu’ils soient se distingueront toujours, in fine, par la constance dont ils auront fait preuve. Il y a ceux qui s’entraînent continuellement, et ceux qui s’arrêtent. Ceux qui veulent devenir Sifu, ou simplement bons, seront ceux qui continueront de s’entraîner là où d’autres s’arrêteront ou changeront de discipline. Il est donc important de se fixer des objectifs à long terme et de s’y tenir pour atteindre l’excellence en Wing Chun.

Il est important de s’entraîner sans se donner le choix, même lorsque l’on est fatigué et que l’on aimerait rester chez soi. Dans une certaine mesure, il est bon de considérer que si l’on n’y va pas, on ne mérite pas le repos. L’être humain a une tendance à trop s’écouter et à trop facilement se démotiver, pour enfin s’arrêter complètement. Il faut donc se poser des contraintes: par exemple, pas de série sur Netflix ou pas de repos sur le canapé si nous n’avons pas fini notre routine d’entraînement quotidienne.

3. La fréquence des entrainements de Wing Chun

La fréquence d’entraînement est très logiquement prépondérante: plus on s’entraîne, plus vite on progresse! Plus souvent l’on répètera inlassablement les mouvements, plus vite on intégrera les bons réflexes!
Sifu Johann : « Lorsque j’ai commencé à donner des cours, je me suis dit que j’irais à tous les stages que donnait mon Sifu en France. Mon Sifu me prenait souvent en exemple et disait : ‘Lui, il est toujours là !’. C’est vrai, j’étais toujours là ! »

4. Méthode et patience

La méthode et la patience enfin, sont des éléments clés! Il est important de se concentrer sur la propreté de la technique plutôt que sur la force, ou une vitesse excessive, pour développer une pratique efficace et solide. Cela suppose de la patience: il n’est pas toujours simple de se réfréner et de rechercher la perfection du geste, alors qu’accélérer en tapant comme des brutes donne si facilement l’impression d’être un ninja!
C’est pourquoi il s’agit sans doute du pilier principal de l’entraînement, car il suppose que tous les autres soient présents et solides. Ainsi, un entraînement propre et méthodique prendra nécessairement du temps – et automatiquement pour se donner ce temps, de la motivation! – car il est toujours plus chronophage de s’entraîner de manière intransigeante, sans complaisance. Avec l’accumulation de techniques à maîtriser et à entretenir au fil de la progression, il faudra bien le temps passant que les séances soient plus longues et/ou plus fréquentes pour maintenir un rythme constant de progression. Tout ça ne pouvant se faire efficacement sans… un programme.

Bien sûr toutefois, il serait absurde d’exiger de chacun qu’il tente de devenir Sifu en 3, 4 ou 5 ans. Il faudra alors accepter que les degrés s’enchaînent moins vite qu’au début, tout en entretenant ses bases, et ça demande finalement autant de motivation, de constance et de méthode ! Et pour ne rien oublier de ce que l’on a vu en cours, ne faut-il pas également un programme…?

En musique comme en arts martiaux , on peut en fin de compte se référer à cette citation attribuée au pianiste Arthur Rubinstein: « Si je m’arrête de jouer un jour, seul Dieu l’entend. Si je m’arrête deux jours, je l’entends. Et si je m’arrête trois jours, le public l’entend. » C’est un peu extrême, mais ça reste une belle ligne de conduite!

En conclusion, même si tu manques de talent, tu pourras devenir un maître si tu décides, plus qu’un autre, de « poncer » tes techniques !

Cette publication a un commentaire

  1. Le Bloa Pierre

    Il y a tant à dire aussi je réagis juste sur la conclusion et la notion de poncer.
    Un ami a fait l’école des mousses pour être ensuite mécanicien sur les hélicoptères dans l’aéronavale. Chez les mousses, on leur demandait de limer un cube de métal pour parvenir à une sphère.
    Ce genre de méthodes étaient aussi employées chez les compagnons du devoir.
    Même en art, Salvador Dali dessinait un cercle parfait à main levée et proposait l’exercice à ses élèves en dessin.
    A méditer et au boulot.
    Pierre

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